Filière déchets : éliminer les risques

Depuis une dizaine d'années, l'émergence de fortes préoccupations environnementales a encouragé le développement, la croissance et l'industrialisation des filières de traitement des déchets.

Mais les activités de collecte, de tri, de recyclage ou d'élimination des déchets peuvent exposer les salariés à des risques professionnels nombreux et variés. Le secteur demeure ainsi marqué par une sinistralité élevée. Certaines mesures de prévention permettent cependant de prévenir durablement les risques.

Produire moins de déchets et mieux les recycler. Voici sans doute l'une des clés pour œuvrer à la préservation de l'environnement. La meilleure gestion des déchets figure aujourd'hui au cœur des politiques de la plupart des états. Au niveau européen, cette volonté s'est traduite notamment par une série de directives qui ont introduit la notion de « responsabilité élargie du producteur ». Désormais les fabricants et les distributeurs de certains produits manufacturés (véhicules, pneumatiques, matériels électroniques, textiles...) sont impliqués dans le recyclage et l'élimination des biens qu'ils mettent sur le marché. Ce cadre réglementaire a favorisé le développement de filières complètes de recyclage et contribué à la croissance rapide du secteur de la collecte et du traitement des déchets. Au cours de la dernière décennie, ses effectifs ont fortement augmenté. Malgré un léger tassement lié à la crise mondiale, aujourd'hui, en France, le secteur emploie près de 100 000 personnes.

Sinistralité : des indicateurs préoccupants

Qu'il s'agisse de la collecte, du tri ou du recyclage, la valorisation des déchets recouvre une grande diversité d'activités. Malgré une baisse régulière de la sinistralité dans le secteur, les principaux indicateurs demeurent préoccupants. La fréquence et la gravité des accidents sont près de 2 fois supérieures aux moyennes nationales. Cette sinistralité importante est liée notamment aux particularités de la gestion des déchets. Le secteur connaît en effet de fréquentes évolutions techniques, réglementaires et organisationnelles. Le développement du recyclage conduit également à l'apparition de nouveaux risques du fait de l'émergence de nouvelles technologies et de procédés innovants. Les mesures de prévention doivent donc être régulièrement adaptées. Par ailleurs, la main d'œuvre employée dans le secteur est généralement peu qualifiée et insuffisamment formée à la prévention. Le recours à la sous traitance, notamment pour les opérations de maintenance, augmente encore les risques.

Des risques nombreux et divers

Les salariés du secteur peuvent être exposés à des risques nombreux et divers. Ceux-ci peuvent être liés aux déchets manipulés (exposition à des composés chimiques toxiques ou des agents biologiques pathogènes, blessures…), aux activités de collecte (accidents de la circulation, chutes, glissades…), aux procédés mis en œuvre (compactage, broyage, incinération…), aux ambiances de travail (chaleur, bruit, vibrations…) ou encore à l'organisation (circulation et déplacements, travail en flux tendu…). À cela s'ajoutent les risques « classiques » des activités industrielles : gestes répétitifs, postures difficiles, manutentions, cadences élevées... Tout comme le nombre d‘accidents, le nombre de maladies professionnelles est lui aussi supérieur à celui des autres secteurs. Les principales pathologies observées sont les troubles musculosquelettiques (TMS) et les allergies, fréquentes notamment dans les activités de compostage.

Organiser la prévention

Préserver l'environnement et la santé des salariés chargés de cette mission n'a cependant rien d'une gageure. Certaines actions de prévention ont déjà montré leur efficacité. Mais il faut pour cela qu'elles tiennent compte des particularités du secteur et sachent s'adapter aux spécificités de chaque entreprise. L'évaluation rigoureuse des risques constitue le socle de la démarche. L'objectif est de dresser un inventaire le plus exhaustif possible des dangers liés à chaque poste de travail. Cette analyse préalable, consignée par écrit dans le document unique permettra de définir les mesures de prévention les plus pertinentes à mettre en œuvre. La prévention doit idéalement intervenir en amont, dès la conception des lieux et des méthodes de travail : mise en place de processus limitant les émissions de poussières, particules et vapeurs, isolement des opérations polluantes, installation de dispositifs d'assainissement et de traitement de l'atmosphère des locaux de travail (voir encadré)... Certains ajustements de l'organisation du travail (optimisation des flux de circulations, amélioration du tri en amont…) permettent également de limiter l'exposition aux risques. La prévention passe aussi par la mise en place d'actions d'information et de formation des salariés. Si les mesures de protection collective demeurent insuffisantes pour limiter les risques, l'utilisation d'équipements de protection individuelle (gants, masques...) doit être envisagée.

Centre de tri : mieux ventiler pour protéger les opérateurs

Centre de tri : mieux ventiler pour protéger les opérateurs dans les centres de traitement des ordures ménagères, les opérateurs travaillant dans les cabines de tri peuvent être exposés à des particules potentiellement nocives. Les plénums soufflants sont des dispositifs de ventilation permettant de protéger les voies respiratoires des salariés. Une nouvelle vidéo de l'INRS présente les atouts de ces dispositifs ainsi que les bonnes pratiques pour bien les utiliser.

L'animation Plénum soufflant (Anim 062)

Auteur : INRS.

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