Vêtements de protection : un quinquagénaire appelé Tyvek

En 1802, l'aristocrate français Du Pont de Nemours s'embarque pour les États-Unis, où il installe une usine de fabrication de poudre à canon.

En 1818, une explosion sur le site tue 36 personnes, ce qui représente à l'époque près de la moitié de l'effectif. À partir de cet événement dramatique, « DuPont ancre la sécurité dans sa culture », résume Ariane Biberian, responsable communication Europe spécialisée Tyvek®. DuPont se transforme et devient une entreprise de chimie qui mise sur un fort investissement en R&D : des innovations comme le Nylon, le Lycra, le Teflon... - autant de noms bien connus du grand public - en témoignent. DuPont emploie aujourd'hui 60 000 personnes dans le monde et compte 11 sites en France, marché le plus important après l'Allemagne, et plus important marché de vêtements de protection chimique Tyvek®. Créé en avril 1967, le Tyvek® est un matériau non tissé en polyéthylène hautement densifié : son procédé de fabrication par filage éclair, « un process unique », permet de créer des fibres continues réparties de manière aléatoire et omnidirectionnelle, qui lui confèrent de grandes propriétés de résistance, durabilité et légèreté. « La structure multicouche de Tyvek® constitue une excellente barrière contre un large éventail de particules sèches et de produits chimiques liquides », précise Maxence de Langautier, responsable régional des ventes pour les vêtements Tyvek®. Si le Tyvek® est utilisé dans plusieurs applications (emballages médicaux, matériaux de construction...), il s'illustre particulièrement dans le domaine de la protection chimique.

« DuPont Tyvek®, c'est plus de 200 millions de vêtements et d'accessoires vendus dans le monde chaque année », indique Ariane Biberian. Le Tyvek® est présent lors de catastrophes mondiales : opérations de nettoyage après le raz-de-marée de 2011 au Japon, protection du personnel soignant en Afrique de l'Ouest en 2014 face au virus Ebola, etc.

Les vêtements DuPont Tyvek® à usage limité sont devenus une référence en matière de protection contre les fibres d'amiante, les poussières de plomb... Leurs qualités leur donnent également accès aux salles banches. « Ils offrent la meilleure adéquation entre protection, confort et durabilité », insiste Maxence de Langautier, qui met en avant la capacité des produits à aller au-delà des normes. Ainsi, en matière de pénétration des particules fines au travers des vêtements, la combinaison Tyvek® Classic Xpert, un des produits phares de la gamme, affiche un taux de fuite de seulement 1 %, soit une performance nettement supérieure aux exigences de la norme en vigueur, qui impose un taux de fuite inférieur à 15 %. « DuPont s'appuie sur les propriétés intrinsèques de la matière et sa présence sur le terrain pour apporter des solutions adaptées aux clients », illustre Christelle Favrot, responsable comptes clés, citant l'exemple de la combinaison Tyvek® 500 KB, développée en partenariat avec la SNCF, un vêtement de protection de type 5 et 6 de couleur orange vif, qui allie barrière chimique contre les particules fines et haute visibilité.

Des EPI de catégorie III

« Il s'agit de trouver la juste protection, le niveau adapté », ajoute Maxence de Langautier, ce qui passe par une analyse globale et approfondie des risques avant de choisir le vêtement le plus approprié. Ces vêtements et accessoires sont des équipements de protection individuelle (EPI) qui s'inscrivent dans le cadre de la réglementation en vigueur (directive 89/6867 CEE). La directive européenne distingue trois catégories d'EPI, la catégorie I offrant la protection la plus faible et la catégorie III la protection la plus élevée. Outre l'examen CE de type (attestation par un organisme notifié que l'EPI est conforme aux règles techniques), les EPI de catégorie III font l'objet d'une procédure complémentaire avec intervention d'un organisme notifié pour l'apposition du marquage CE. La catégorie III est divisée en six niveaux (types), chaque type étant associé à un niveau d'exposition défini. Le type 1 représente le niveau de protection le plus élevé, le type 6 correspondant au niveau le plus bas. À chaque type de protection répond une norme européenne.

Le type 6 correspond aux risques d'exposition à de petites quantités de brouillard ou pulvérisations fines. La norme applicable est la norme EN 13034 + Al, qui détaille les exigences relatives aux vêtements de protection chimique offrant une protection limitée contre les produits chimiques liquides. Le type 5 correspond à la protection contre les particules solides en suspension dans l'air. La norme applicable est la norme EN Iso 13982-1 + Al sur les exigences de performance des vêtements de protection contre les produits chimiques offrant une protection au corps entier contre les particules solides transportées par l'air.

Le type 4 correspond à une protection contre les substances chimiques liquides lors d'une exposition à une pulvérisation liquide et le type 3 à une protection contre les substances chimiques liquides en cas d'exposition à des jets liquides sous pression. La norme applicable est la norme EN 14605 + Al Vêtements de protection contre les produits chimiques liquides - exigences de performances relatives aux vêtements dont les éléments de liaison sont étanches aux liquides (type 3) ou aux pulvérisations (type 4), y compris les articles d'habillement protégeant seulement certaines parties du corps. Les vêtements en Tyvek® n'assurent pas de protection de type 1 et 2 : ceux-ci correspondent aux normes EN 943 parties 1 et 2 relatives aux exigences de performance des combinaisons de protection chimique étanches aux gaz. Les produits en Tyvek® peuvent respecter d'autres normes, pour répondre par exemple aux exigences de performance et méthodes d'essai des vêtements de protection contre les agents infectieux (EN 14126) ou en termes de performances mécaniques, résistance à l'abrasion (EN 530) ou à la perméation par des liquides (EN Iso 6529), etc.