Management : "les fondamentaux évitent de faire de grosses bourdes"

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Les managers ne sont pas suffisamment formés pour concilier performance et qualité de vie au travail. Les fondamentaux sont rarement enseignés dans les écoles d'où sortent les futurs managers, tandis que la formation continue se concentre sur le développement personnel.

"Il est temps de bouger, remuons-nous s’il vous plaît !", interpellait Bernard Ollivier, président du conseil d’administration de l’Anact (agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) le 9 octobre 2017, lors du lancement de la semaine de la qualité de vie au travail (QVT), que l’agence organise chaque année. Cette édition nommée "Un management de qualité, ça s’apprend ?" est centrée sur la formation des managers.

L’Anact part du constat que les managers ne sont pas suffisamment formés pour prendre en compte la QVT. Il faut dire que d’après les entretiens qu’elle a menés, l’idée que manager est inné est encore très répandue. Pourtant, "ce n’est pas une histoire de don", rappelle Bernard Ollivier. Richard Abadie, directeur général de l’Anact renchérit : "Il est évident que tous les managers n’ont pas du talent". Or, "cette vision nuit à l’idée qu’on peut s’y former", constate-t-il. Pour lui, les torts sont partagés, et donc chacun a un rôle à jouer : "aux entreprises d’interpeller les écoles, aux entreprises d’objectiver le recrutement, aux associations d’anciens élèves de faire part de leurs exigences de formation…", scande-t-il.

Les fondamentaux inévitables

Comme le montre le livre blanc publié par l’Anact, les écoles, aussi bien d’ingénieurs que de commerce, ont des lacunes en la matière. Pourtant, "ll y a une science du management, et qui progresse. Il faut l’appliquer", rappelle Franck Bournois, président de la commission formation de la conférence des grandes écoles et directeur général d’ESCP Europe. Les écoles d’ingénieurs ne doivent pas être en reste : "Il y a bien des théorèmes en sciences physiques !", constate Laurent Mahieu, président de la commission des titres d’ingénieurs qui compare le management au génie des procédés.

Pour Thibault Ronsin, responsable ressources humaines du groupe Rougier, être sur le terrain est très formateur, mais les outils enseignés dans le supérieur permettraient de limiter la casse. Il se rappelle de ses premiers postes : "savoir observer m’a manqué et m’a fait faire beaucoup d’erreurs". Si d’après lui "il faut passer par là pour être un bon manager", "il y a des dégâts difficiles à récupérer". Or, d'après lui, "savoir observer dès la phase de formation initiale permettrait de limiter les dégâts".

"Il y a au moins une chose qui s'apprend : les fondamentaux, qui évitent de faire de grosses bourdes", estime également Bernard Ollivier. Thibault Ronsin précise : "Sans forcément en faire des experts, il faut apprendre à tous les ingénieurs à appréhender les signaux faibles".
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Ne pas montrer les managers du doigt

Comment s’y prendre ? Traiter le sujet de la manière la plus prospective possible, étant donné les bouleversements qui touchent l’organisation du travail. Mais aussi en finir avec un enseignement du management qui est aujourd’hui "surtout assuré par des personnes qui n'ont pas pratiqué le management dans le monde de l'entreprise", relève Franck Bournois. Le nerf de la guerre semble, comme souvent, être le renforcement des relations entre l’enseignement supérieur et les entreprises. Ainsi, nombreux sont les intervenants prônant davantage d’apprentissage dans le cursus de formation initiale.

Et surtout, "c’est bien le management qu’il faut changer, et pas les managers qu’il faut montrer du doigt", demande Philippe Debruyne, secrétaire confédéral à la CFDT et vice-président du collège salariés du Copanef (comité interprofessionnel pour l'emploi et la formation), qui prône une analyse systémique.
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Le défi de la formation continue

"Un management de qualité s’apprend avec l’expérience. La formation doit avoir lieu tout au long de la carrière", constate Richard Abadie. La formation continue ne doit donc pas être mise de côté. D’après Romain Chevallet, de l’Anact, les dispositifs existants sont pour le moment trop centrés sur le développement personnel.

"Tout ne repose pas sur le manager de proximité", ajoute-t-il. Selon lui, pour être efficaces, ces formations continues doivent évidemment être soutenues par la direction, qu’il est important de sensibiliser à la question. "Il est important d’apprivoiser les grands chefs qui n’y comprennent rien", renchérit une cadre d’Engie.
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