La fragilité psychique des salariés : un défi du monde professionnel moderne

Classé dans la catégorie : Général

L’association Clubhouse France présente les résultats de son 1er baromètre « Santé Mentale et Emploi : impacts et réalités en entreprises ».

L’association Clubhouse France est le premier lieu d'entraide et d'activité créé en novembre 2011. Sa vocation est d'accompagner dans leur réinsertion sociale et professionnelle des personnes vivant avec un trouble psychique. Pour cela, l'association s'inspire d'un modèle qui a fait ses preuves dans plus de 30 pays et qui s'appuie sur l'autonomisation, la cogestion, la solidarité entre pairs et l'ouverture sur l'extérieur, en particulier avec les entreprises. Sur la base d’une mission claire et bien définie, d’un concept innovant qui a fait ses preuves, de retours d’expériences positives, de moyens matériels, humains et financiers et d’un réseau de partenaires privés et publics fort, l’association Clubhouse France est aujourd’hui en plein développement. Son action est renforcée par deux nouveaux clubhouses qui verront le jour fin 2017 à Lyon et à Bordeaux.

En janvier 2017, Clubhouse France, en partenariat avec l’institut Randstad, a lancé le 1er baromètre Santé Mentale et Emploi réalisé par l’Institut Chrysippe. Ce baromètre a pour objectif de faciliter la prise en compte de ce sujet dans les entreprises. Les répondants ont été interrogés sur leur expérience des troubles psychiques et sur les représentations de ces troubles au travail. Ces premiers résultats vont permettre de sensibiliser les entreprises et d’entamer une réflexion sur une meilleure prévention et un meilleur accompagnement des problèmes de santé mentale des collaborateurs.

Les principaux résultats de l’étude :

  • Quand seulement 40 % des répondants pensent que leur entreprise prend en compte la santé mentale de ses collaborateurs, 80 % des répondants pensent que les problèmes de santé mentale doivent être gérés par l’entreprise
  • 70% des répondants auraient peur d’en informer leur entreprise s’ils étaient amenés à faire face personnellement à un problème de santé mentale
  • 90% des répondants pensent qu’une personne qui souffre de troubles psychiques à sa place dans le monde du travail
  • Seulement 1 personne sur 3 pense que la situation a été prise en compte par l’entreprise
  • 70 % des répondants pensent que la prise en compte a eu un impact positif pour le collaborateur et pour l’environnement professionnel des personnes concernées
  • Près de 60 % des managers qui ont été confrontés à la difficulté psychique d’un salarié considèrent qu’il n’a pas été accompagné. Quand il y a eu du soutien, cela c’est fait le plus souvent par le biais d’un suivi individualisé
  • Suite à un accompagnement, 70 % se sentent plus à l’aise pour affronter une situation liée à un problème de santé mentale

Une forte demande de prise en compte de l’ensemble des salariés

Dans un contexte professionnel en pleine mutation, les employeurs sont confrontés à la nécessité de prendre en compte les enjeux liés à la santé mentale des salariés. En dix ans, le pourcentage de collaborateurs victimes d’un haut niveau de stress est passé de 38 % à 61 % * (sondage Ipsos avec Associated Press (2005) ; Baromètre Cegos 2015 « climat social et qualité de vie au travail »). C’est un indicateur important quand on sait que le stress favorise le développement de pathologies psychiques. Aujourd’hui près d’une personne sur quatre peut être touchée par un trouble psychique plus ou moins sévère au cours de sa vie.

Le management est l’interlocuteur privilégié

Alors que les politiques de ressources humaines continuent de prôner la performance statistique, Clubhouse France s’interroge. Dans notre contexte d'hyper-compétitivité mondialisée, ne faudrait-il pas faire bouger les postures managériales pour mieux accompagner la fragilité ?

Une forte demande d’accompagnement et de formation

Le travail est un facteur de rétablissement et d’épanouissement, mais il peut aussi être une source de déstabilisation et de fragilisation. Les termes de souffrance au travail, burn-out, dépression, épuisement sont de plus en plus mis en lien avec l’activité professionnelle.

Dans les deux cas, les mêmes questions se posent. Comment préserver la santé mentale des salariés ? Quels sont les signaux auxquels il faut être attentif ? Comment apporter des réponses constructives quand des difficultés se posent pour permettre à chacun, personne concernée, manager, collègues, de travailler dans de bonnes conditions ? Comment faire en sorte que la fragilité d’un salarié ne soit pas synonyme d’échec, de perturbation du collectif et de stigmatisation ? la solution : Former, sensibiliser et accompagner.

Des personnes qui craignent d’être stigmatisées

Malgré une prise de conscience publique de cette problématique majeure de santé, malgré la reconnaissance du handicap psychique comme constitutif de cette maladie invalidante, malgré la création de réponses d’accompagnement adapté en aval de l’hospitalisation, les préjugés autour des troubles de santé mentale sont très répandus et l’on comprend encore mal ces situations.

La difficulté à aborder ce sujet, la crainte d’être jugé et placardisé est encore très forte. Cette crainte éloigne les personnes d’une prise en charge de qualité et crée dans l’entreprise des situations qui durent dans le temps, génèrent des frustrations, de la désorganisation et complique le retour à l’emploi.

Les enjeux de santé mentale nous renvoient à la nécessité de composer avec une part d’incertitude, dans une temporalité qui va à l’encontre de notre idée habituelle de la gestion du temps.

Selon Céline Aimetti, Déléguée Générale de Clubhouse France : « La santé mentale et l’emploi concernent beaucoup de parties prenantes. Prises à titre individuel, ces parties prenantes (professionnels de la santé, employeurs, personnes concernées, la société civile, les dispositifs publics), aucun n’a de solution transversale. Les employeurs sont démunis face à ces enjeux de société et la réponse viendra par la coconstruction d’outils qui intègrent ces parties prenantes de façon complémentaire. La solution n’appartient à aucun acteur en particulier, mais à la capacité de Co construire ensemble des solutions. Le baromètre fait partie de la batterie d’outils pour mieux comprendre et mieux agir à terme. »

Pour Philippa Motte, consultante spécialisée sur les sujets de Santé mentale au travail : « Les troubles psychiques ont longtemps été considérés comme une marque de faiblesse. Cette perception heureusement évolue et les troubles psychiques liés au travail commencent à être admis. Mais pour qu’on sorte complètement du tabou, il faut en parler. Dans les grandes entreprises ou collectivités, les ressources existent. Il y a des assistantes sociales et des infirmières, des professionnels compétents sur le sujet, dont le rôle doit être mieux identifié et mieux reconnu. »

Fort de ces résultats, Clubhouse France souhaite développer un plan d’action autrement appelé Programme de promotion de la santé mentale en entreprise. Aussi, au regard du baromètre et de la maturité de l’entreprise, l’association souhaite réfléchir de manière prospective aux évolutions pérennes. Cette seconde étape sera mise en œuvre par le Clubhouse et ses partenaires entreprises dès 2018.

Echantillonnage, méthodologie et dates de l’étude

Observer le point de vue des divers acteurs de l’entreprise, et plus largement tous les actifs de 18 ans et plus, ainsi que les personnes en recherche d’emploi, en arrêt de travail temporaire ou en invalidité. N’ont pas pu répondre à ce questionnaire les étudiants, les autoentrepreneurs ou entreprises individuelles, les retraités, les mineurs et les personnes n’ayant jamais travaillé.

Echantillonnage : 672 répondants constituant un échantillonnage représentatif de la population française âgée de 18 et plus.

Méthode : échantillon interrogé par Internet / Email
Associations, salariés d’entreprises via les réseaux sociaux
Le questionnaire est : sécurisé - simple - anonyme & le traitement des réponses se fera de manière confidentielle

  • Anonyme : une confidentialité totale est garantie dans le recueil et l’exploitation des données
  • Simple : un temps de passation d’environ 20 minutes

Dates : Du 07 au 30 avril 2017
Ce baromètre sera reconduit tous les deux ans.

Profil des répondants ?

  • 81 % de personnes qui ont répondu sont dans l’emploi
  • 1 personne sur 2 a déjà travaillé ou travaille actuellement avec une personne en situation de handicap psychique
  • 60% des répondants sont des cadres (les cadres sont peut-être plus informés et sensibilisés sur ce sujet. Il est peut-être moins tabou dans la population des cadres – cela ne veut pas dire les autres catégories socio professionnelles ne sont pas touchées, mais qu’elles ont peut-être encore du mal à en parler

 

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