Exposition à la pénibilité : l'importance des seuils

A mesure que les entreprises mettent en œuvre les démarches en vue de l’ouverture éventuelle de comptes de prévention de la pénibilité (C3P) au profit de leurs salariés, il sera possible d'avoir une vision plus précise de l'exposition à la pénibilité des travailleurs français.

Celle-ci n'est toutefois pas un angle mort de la recherche. Pour l'évaluer, il est ainsi possible de se reporter à l'enquête Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels (Sumer) réalisée tous les 7 ans par la Dares et la Direction générale du travail. En recueillant ces données, une récente synthèse de la Dares a établi qu'en 2010 quelque 39 % des salariés français étaient exposés à au moins un facteur de pénibilité. Mais ce résultat démontre surtout l'importance d'une prise en compte rigoureuse des seuils dans la mesure de la pénibilité. En effet, en recourant aux seuils établis par l’instruction N° DGT/DSS/SAFSL/2016/178 du 20 juin 2016 pour la mise en place des C3P, la proportion de salariés concernés serait bien moins importante.

Exposition à des contraintes physiques marquées

En 2010, 21 % des salariés étaient exposés à des contraintes physiques marquées. La posture pénible est la contrainte la plus fréquemment observée. Ainsi, quelque “11 % des salariés doivent maintenir les bras en l’air, être accroupi, à genoux ou ont d’autres contraintes posturales 2h ou plus par semaine”. Juste derrière, la manutention manuelle de charges lourdes 10 h ou plus par semaine concerne 10 % des salariés. En revanche, les vibrations mécaniques concernent presque deux fois moins de salariés : “7 % ont leurs membres supérieurs exposés 2h ou plus par semaine à des vibrations mécaniques ou sont soumis aux vibrations d’une installation fixe 10h ou plus par semaine”, notent les experts. Sans surprise, “les ouvriers sont les salariés les plus exposés à au moins une contrainte physique marquée (43 %)”. Les employés de commerce et de service y sont moins exposés (25 %), mais subissent néanmoins des postures pénibles (15 %) et le port de charges lourdes (15 %).

Exposition à un environnement physique agressif

En 2010, 21 % des salariés travaillaient dans un environnement physique agressif. “Un salarié sur sept (14 %) est exposé à des produits chimiques avec des durées et intensités dépassant les seuils considérés dans cette étude, et plus de un sur dix à un niveau de bruit nocif (bruits supérieurs à 85 dB(A) 10h ou plus par semaine ou à des bruits impulsionnels 2h ou plus par semaine)”, relatent les auteurs. En revanche, moins de 2 % des salariés sont exposés à des températures extrêmes au cours de leur travail, c'est-à-dire des températures de moins de 10°C ou plus de 30°C pendant 10h ou plus par semaine, ou entre 0°C et 15°C pendant 20h ou plus par semaine. Presque la moitié des ouvriers exercent leur activité dans un environnement physique agressif : “31 % des ouvriers sont en contact avec des produits chimiques à des durées et intensité dépassant le seuil ici retenu ; 31 % travaillent en présence d’un bruit nocif ”. L'exposition aux produits chimiques concerne tout particulièrement certaines professions du service : “26 % des aides-soignants, 36 % des agents de services hospitaliers et 54 % des coiffeurs et esthéticiens sont en contact avec au moins un produit chimique au-delà du seuil retenu.”

Exposition à des rythmes de travail contraints

En 2010, 18 % des salariés étaient soumis à des rythmes de travail contraints. “Quelque 5 % des salariés travaillent de nuit (entre 0h et 5h) plus de 45 nuits par an, 3 % travaillent en équipe alternante, et 12 % répètent un geste ou une série de gestes à une cadence élevée 10 h ou plus par semaine”, précise l'étude. Les ouvriers sont là encore les plus exposés (29 %). Toutefois, 24 % des employés de commerce et de service sont également touchés par ce facteur de pénibilité. Sans surprise, “les ouvriers non qualifiés doivent plus fréquemment réaliser des gestes répétitifs (28 %)”. En revanche, les ouvriers qualifiés sont plus soumis au travail de nuit (10 %). Enfin, ces pics sont accentués dans certains secteurs : “55 % des ouvriers non qualifiés travaillant par enlèvement ou formage de métal effectuent des gestes répétitifs au moins 10 heures par semaine”. C'est également le cas de 35 % des agents d’entretien de locaux.

Les catégories les plus exposées

“Au final, en 2010, 39 % des salariés sont exposés à au moins un facteur de pénibilité, 10 % à au moins trois facteurs. Un ouvrier sur quatre est exposé à trois facteurs de pénibilité ou plus, contre moins de 5 % des cadres, professions intermédiaires ou employés administratifs”, concluent les auteurs de l'étude pour souligner l'impact de la catégorie socio-professionnelle sur le degré d'exposition à la pénibilité, même si l'âge joue aussi : “un salarié de moins de 25 ans sur deux est exposé à au moins un facteur de pénibilité”.

Pour aller plus loin : Étude “Chiffres clés sur les conditions de travail et la santé au travail”, coordonnée par Amélie Mauroux, Synthèse Stat', n°22, novembre 2016.

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Réactions...

DUBAN le :

A vous lire: "plus de un sur dix à un niveau de bruit nocif (bruits supérieurs à 85 dB(A) 10h ou plus par semaine ou à des bruits impulsionnels 2h ou plus par semaine)”, relatent les auteurs. " Ces seuils correspondent au risque de perte auditive ( nocifs) et pas de stress ou de fatigabilité qu' une étude de l'OMS situe à 55 dB sur des périodes prolongées et entrainant des pertes de sommeils, des maladies cardio vasculaires, etc.... Pourquoi les seuils de pénibilité en sont restés au seuils de pertes auditives ????? Merci pour vos avis.
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